La grange que
nous connaissons est située à 1330 m sur le plateau
d'ARMENTIEOU , petit ressaut sur le flanc Est du massif de l'Ardiden.
Il semble que
la colonisation de ce plateau ait commencée au 17e siècle
en témoigne une pierre imbriquée dans un des murs de
soutènement du chemin d'accès qui porte la gravure 1678.
Ce 17e siècle
correspond à une époque où l'augmentation des
populations dans les vallées pyrénéennes est
importante et nécessite de ce fait une expansion des surfaces
de pâturages afin de pourvoir à des troupeaux plus importants.
Notre grange pour sa part, englobe dans ses murs une pierre gravée
en 1709 et correspondant très probablement à la date
de bénédiction du futur bâtiment. Il faudra donc
envisager de fêter le tricentenaire dans peu de temps.
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A quoi servaient
donc ces granges d'altitude ?
Les gens et les bêtes (femmes, enfants, vaches, moutons,
chèvres, poules …..) s'installaient sur le plateau
d'Armentieou au mois de mai. Les animaux quittant leurs étables
du village, disposaient de beaux prés en attendant leur
départ vers les estives pour juillet, août et septembre.
En juillet, une première fenaison permettait d'engranger
sur le plateau une belle quantité de foin permettant ainsi
de nourrir les troupeaux lors de leur retour des estives et ce
jusqu'à leur descente à l'étable du village
pour cause de neige. Si le climat était propice, on pouvait
espérer une seconde fenaison dite "regain". Ces
granges permettaient donc de constituer des réserves importantes
de foin stockées à l'étage, d'abriter les
animaux en fin de saison et évidemment de procurer un habitat
rudimentaire aux familles.
L'obtention
des pâtures était conditionnée par l'irrigation
qui, à partir du ruisseau "le mensongé"
au sud du plateau et au pied du bois d'Agnouède, amenait
l'eau vers l'ensemble des terrasses à pâtures et
aux abreuvoirs des granges. Il y avait donc des quantités
de rigoles à flanc de montagne, soigneusement entretenues,
qui permettaient cette irrigation vitale pour ce hameau d'altitude
qu'est le plateau d'Armentieou. A ce propos, le premier relevé
cadastral qui date de 1870, laisse apparaître une forte
implantation de granges sur le plateau (a peu près une
vingtaine) dont on peut encore de nos jours deviner les traces.
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Pour ce qui est
de la construction des granges, une technique identique était
appliquée à toutes ces constructions:
• Les murs en pierres sèches avec une épaisseur
de 80 cm à 1 m à la base délimitent l'espace
de la grange. Les pignons culminent couramment à 6 m de haut
avec une épaisseur encore supérieure à 50 cm
et sont arrêtés en dégradé par des pierres
plates qui bloquent l'infiltration des eaux.
• La charpente en résineux du bois d'Agnouède
est entièrement faite à la main
• La couverture est en chaume à partir de la paille de
blé noir ou de seigle. Elle est protégée des
grands vents par les pignons qui la dépassent largement.
C'est la guerre
de 14/18 qui, par la disparition de générations entières
dans les villages de la vallée, amena la rupture de ce cycle
de vie nommé "yers". Les rigoles sont abandonnées,
les toitures de chaume rafistolées vaille que vaille, les premières
granges s'écroulent.
En 1965, la grange
et ses terrains environnants appartenaient à la famille LOO
du village de Sazos, commune dont dépend d'ailleurs le hameau
d'Armentieou. Cette famille n'exploite plus guère le site d'Armentieou
si ce n'est par l'intermédiaire d'un frère sourd et
muet qui, secondé par un fort mulet, organise un reste de vie
estivale sur le plateau en voisinage avec une autre famille de Sazos:
PORTE. Il reste à cette époque 9 granges sur le site.
C'est en mai 1965 que Bernard D.& J-Pierre D., délégués
par une dizaine de familles d'Arcachon, visitent sur le plateau, la
propriété de la famille L. qui serait à vendre.
C'est le coup de cœur et la fondation d'un petit refuge de montagne
semble possible. Une SCI est crée et l'achat effectué
pour la somme de 1500 Frs.
Au cours de l'été
1965, des "Pionniers" Scouts de France d'Arcachon réalisent
un petit chantier qui permettra de vivre quelques jours sur le site
durant l'hiver 65/66 dans un environnement très sauvage et
très enneigé à cette époque. La vie se
concentre dans la première moitié de la grange où
était la cheminée d'origine et où une ouverture
agrandie permet de laisser entrer la lumière. Le couchage se
situe à l'étage dans le foin qui en occupait la totalité.
Les
séjours s'enchaîneront ainsi durant 3 ans (groupes de
Scouts, d'Aumôneries ou d'adultes attirés par le lieu)
jusqu'en février 1969 où une tempête emporta la
toiture en chaume.
Il faudra près
de 5 ans pour rendre la grange à nouveau "habitable":
Réfection de la toiture, aménagement du rez-de-chaussée,
construction d'une imposante cheminée, mise en place d'un plancher
en remplacement du foin sur les 2/3 de la surface. L'inauguration
a lieu à Pâques 1975 avec une cinquantaine de personnes
(jeunes & anciens).
De nouveau les
séjours reprennent: jeunes en hiver et adultes en été
pour les travaux d'aménagement et les ballades en montagnes.
Avec le temps,
de plus en plus de jeunes adultes désirent prendre en charge
ce lieu qu'ils aiment tandis que la SCI d'origine s'appauvrit par
la disparition de ses membres. Une Association régie par la
loi du 1°juillet 1901 est crée en 1989 et la SCI lui cède
la propriété d'Armentieou, charge à elle de gérer
le lieu.
Suite
de l'hisoire dans la page 15 ans de séjours
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